Saturday, October 29, 2011

L’Albanie tente de redorer son image auprès des investisseurs

Les responsables français et albanais appellent les entreprises à investir dans ce pays. Pourtant, l'Albanie pourrait voir son avenir européen ralenti dans les prochains mois si elle ne résout pas sa crise politique interne.

Le gouvernement français recommande aux entreprises d'investir en Albanie. A l’occasion d’une rencontre le 26 mai organisée par Ubifrance, la secrétaire d’état au Commerce extérieur Anne-Marie Idrac s’est livrée à un véritable plaidoyer en faveur de ce pays. « Je vous recommande l’Albanie. […] Les entreprises françaises y sont satisfaites et le pays est en plein essor », a-t-elle déclaré devant un parterre de représentants d’entreprises. Le ton parmi les intervenants était tout aussi unanime : l’Albanie souffre d’une mauvaise image qui ne correspond pas à la réalité. Au contraire, les entreprises françaises gagneraient à investir un marché peu occupé par elles jusqu'à présent. Un discours que les entrepreneurs déjà implantés sur place adoptent également. Le directeur général de la Société générale en Albanie, Hubert de Saint-Jean estime par exemple que l’environnement y est propice aux affaires. Il est vrai que les indicateurs économiques de l’Albanie sont particulièrement bons, malgré la crise. Le pays a enregistré 2,8% de croissance en 2009 selon le FMI. Il est l'un des seuls pays européens à avoir eu une croissance positive l'année dernière et elle devrait atteindre 2,3% en 2010. L’économie du pays est donc stable même si l’Albanie possède un taux de chômage élevé, autour de 20%. Le potentiel économique de certains secteurs comme le tourisme ou l’énergie et les infrastructures possèdent en outre un fort potentiel de développement. Interrogé par EurActiv.fr, l’économiste Nebojsa Vukadinovic, spécialiste des Balkans, admet le potentiel économique du pays mais précise qu’il est difficile de s’implanter dans le pays si l’on ne possède pas de relais locaux. En outre, l’Etat peine à se consolider et souffre d’un problème de « capacity-building ». Lors de la conférence, Jean-Louis Daudier de la Coface a également rappelé que si le pays avait fait de nombreux progrès, il restait classé avant-dernier selon l’échelle de la Coface en raison de ses faiblesses structurelles. Une note contestée par le président de l’association pour les investisseurs étrangers en Albanie Patrick Pascal selon lequel cette note ne reflète pas la réalité du pays qui souffrirait d’une mauvaise image. S’il admet que la corruption existe, elle n’est « pas pire qu’ailleurs », a-t-il ajouté. De son côté le gouvernement albanais fait tout pour attirer les investisseurs. Le ministre de l’économie du pays Dritan Prifti, invité de la conférence, a notamment évoqué l’instauration d'une taxe à taux fixe à 10%. Crise politique Autant dire que ces discours contrastent avec la crise politique qui secoue le pays depuis juin 2009. L’opposition socialiste albanaise conteste toujours le résultat des élections et accuse le gouvernement de fraudes. Ce parti, qui contrôle encore presque la moitié des sièges au parlement, a boycotté l'assemblée depuis des mois, empêchant l'adoption des lois, et notamment des nombreux textes nécessaires pour adapter la législation du pays à celle de l'UE. Interrogé par EurActiv.fr, le ministre de l’économie refuse de parler de crise et accuse à son tour l’opposition « d’être le principal problème du pays » et « de créer une crise artificielle irresponsable qui fera du mal à l’Albanie ». Il justifie la victoire de son camp par le rapport de l’OSCE selon lequel les élections se sont déroulées sans « irrégularités majeures ». Le texte ajoute d’ailleurs que l’Albanie avait effectué « des progrès tangibles ». La situation inquiète néanmoins l’UE. Le 20 mai, les chefs des deux principaux groupes politiques du Parlement européen, Joseph Daul (PPE) et Martin Schulz (S&D) ont exprimé dans une lettre leurs inquiétudes sur la situation politique en Albanie alors que l'UE commence à examiner la candidature du pays dans le but de lui octroyer le statut de candidat officiel. Mettant la pression sur les deux camps, les eurodéputés ont averti que cette dispute pourrait conduire à la suspension du processus d'adhésion – une situation qui serait inédite dans l’histoire de l’UE. Ces problèmes n’ont à aucun moment été évoqué par le chef de la mission économique française à Sofia Philippe Chatignoux présent lors de la conférence. Il a d'ailleurs estimé que l’Albanie avait une « autoroute » devant elle vers l’UE et que sa perspective européenne « était très claire, et ce bien plus que les autres pays de la région ». Dans son dernier rapport sur l'Albanie, la Commission européenne a rappelé à Tirana les efforts qu'il lui reste à faire, en particulier dans les domaines de la lutte contre la corruption, la primauté du droit et du fonctionnement des institutions de l'Etat. Marek Kubista

Source : http://www.euractiv.fr/elargissement-0/article/2010/05/27/albanie-tente-redorer-son-image-aupres-des-investisseurs_68184
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